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de Paris pour quelque exploit de guerre, comme il di­soit; qui fut de passer premierement à Poissy, où il visita les religieuses, ausquelles entr'autres bons propos il dit et assura par serment que depuis trois ans il ne s'étoit confessé et n'avoit reçu son Créateur, et ne Ie recevroit qu'il n'eût executé un dessein qu'il avoit en tête, et qu'on a découvert depuis être de faire par toute la France une Saint-Barthélemy de tous les serviteurs du Roy. De Poissy, il alla à Fresnes, maison du seigneur d'O; fît tuer huit soldats en sa présence, et pilla toute la maison, des mieux meublées qu'il y eût en France. Etant entré en la chapelle enrichie de beaux ornemeos, des armes du Roy et de tableaux exquis, il fit et aida à mettre tout en pieces; et après ces beaux exploits, lui et ses satellites firent leurs ordures en cette cha­pelle.
Le mercredy premier jour de mars, on apprit à Paris le transport des prisonniers (0 de Blois à Am­boise; et fut en ce tems découverte la trahison de Lon-gnac, qui, feignant d'être en la malegrace du Roy, avoit envoyé à Paris Bourbonne son oncle avec le frere du capitaine Le Gast, pour essayer à tromper les Pari­siens, en tirant d'eux deux cent mil écus, et une ville forte pour leur retraite, sous promesse de leur rendre tous les prisonniers que le Roy tenoit. Mais les Pari­siens ayant découvert la fourbe, les serrèrent tous deux en la Bastille, d'ils furent retirés quelque
(0 Le transport des prisonniers : Au moment de Ia mort des Guises, le Roi avoit fait arréter le cardinal de Bourbon, le jeune dae de Guise, les ducs d'Elbœuf et de Nemours, l'archevêque de Lyon, le president de Neuilly, Marteau son gendre, maître des comptes et prévotd« marchands de Paris; et un jeune abbé nommé Gornac.
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